Densité instrumentale
Telle est aussi la qualité première de la musique de Michael Jarrell, qui, a 60 ans, livre sans aucun doute sa partition la plus aboutie. Densité instrumentale toujours de circonstance, sous la baguette conquise de Philippe Jordan a la tête de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris, et souplesse vocale perceptible à tous les niveaux de ces vers "déracinés".
[...] Et voilà donc Bérénice. Cette naissance bénéficie des meilleurs atouts pour son intronisation parisienne : des chanteurs d'exceptions, une mise en scène remarquable et un orchestre de haut vol pour attiser les passions. Le résultat est probant. [...]
« Ambitieux et fort réussi »
Musica 2016 ne nous a pas moins fourni l'occasion d'admirer un musicien bien vivant, le Suisse Michael Jarrell, dont le remarquable Concerto pour alto, en création mondiale, tient en haleine l'auditoire avec une énergie et un sens des contrastes exceptionnels. Une écriture très physique, visiblement stimulée par la personnalité de la créatrice, une Tabea Zimmermann absolument renversante d'engagement et de prise de risque, décidément un mot-clé pour l'art vivant. On notera au passage la très grande qualité d'exécution de l'Orchestre national des Pays de la Loire, fruit du travail fécond de son directeur musical Pascal Rophé, un de ces maîtres artisans pour qui le service du compositeur passe avant leur propre gloriole.
Le baryton Bo Skovhus bouleverse dans Siegfried, nocturne. Le spectacle, exigeant, a de la tenue
Sonnés par la surprise. Il est 20h15 à la Comédie de Genève. Un aigle survole nos têtes et plante ses serres sur le balcon. Dans cet envol, le mirage de la légende, celle de Siegfried, le héros wagnérien, interprété par le baryton danois Bo Skovhus. Sur scène, l'Ensemble Multilatérale et son chef, Paul Asbury, reprennent leur souffle. Siegfried, nocturne s'achève et la salle comble ovationne le spectacle. Le compositeur suisse Michael Jarrell avance alors, au milieu des musiciens, tourneboulé par l'émotion. Il ne sait plus qui étreindre, Paul Asbury, le metteur en scène Hervé Loichemol, les choristes, tous ces coeurs qui ont fait naître son oeuvre. [...]
[...] It happened after the second piece in the program, Nachlese Vb (Liederzyklus), by the Swiss composer Michael Jarrell. The piece (whose title roughly translates as "Gleanings") was a song cycle with a twist. Starting with his own earlier setting of a poem by Luis de Góngora y Argote in a French translation, Mr. Jarrell added three further movements: a German translation, a wholly instrumental impression and, finally, a setting of the original Spanish verse.
The result was intoxicating: four distinct reactions to the same impulse, with subtle but palpable alterations in color and emphasis. Charlotte Dobbs, a soprano, illuminated those shifts with precision and sensitivity. The Philharmonic players provided iridescent accompaniment.
When it was done, Mr. Robertson scanned the audience, then leapt from the stage and trotted out to acknowledge Mr. Jarrell. That act, simple and straightforward, crystallized the joy with which Mr. Robertson consistently infuses the act of bringing new music to life. His passion is infectious. [...]
When was the last time you heard something for the first time? The Utah Symphony presents that chance this weekend with the world premiere of Emergences, Swiss composer Michael Jarrell's cello concerto co-commissioned by music director Thierry Fischer.
Emergences is a sonically adventurous, highly virtuosic work, and French cellist Jean-Guihen Queyras was more than equal to the task. The soloist handled everything Jarrell tossed at him - extensive harmonics, two-handed pizzicato and other unusual techniques - with consummate command. Fischer and the orchestra, likewise, immersed themselves in the music, which more than once required soloist and ensemble to emerge out of silence. The slow movement, which seemed to hang in otherworldly quiet, made a striking contrast to the riot of color in the concerto's outer movements.
Emergences showed the full house at Abravanel Hall the things they didn't realize a cello could do, so it was fitting that Queyras quickly reappeared to play Faure's Elegie with the orchestra. The performance was a showcase of the richness and soul for which the cello is known.
[...]
Le projet est parvenu à mettre l'électronique au service de la substance dramatique dans une partition d'une grande puissance expressive [...]. On courra d'autant plus volontiers entendre Fanny Ardant enflammer son texte [...].
The seven movements of Michael Jarrell's Instantanés are Webernesque in their brevity, but are - as this taut, explosive performance proved - characterised by a breadth of expression that is intrinsically overt and expansive.
One of the new works to be programmed at the Proms this year was Michael Jarrell's Sillages, which was performed in Prom 25 to a warm reception. Following this, a new release on Kairos presents a major vocal work by the Swiss composer, Cassandre, dating from 1994.(...) The music drifts in a stasis. The instrumental colours are dark - low horns and resonant gongs, murmuring washes in the electronics from time to time, pedalled notes in the strings, a quiet dynamic generally predominating. The approach is synthetic, no one instrument standing out from the cauldron of the ensemble for very long. Bas's oaken voice is the centre around which the mix is stirred in its ebb and flow. The use of electronics is judicious, achieving a brilliant complement to the acoustic sounds, seamless rather than extravagant in its appearance.
« The stillness of the first movement is magical: wonderfully elusive textures, played with shimmering delicacy. »
Le ciel, tout à l'heure encore si limpide, soudain se trouble horriblement von Michael Jarrell, spielt mit zwei Klangidealen: einem detailscharfen Spaltklang und einem weichgezeichneten Mischklang. Der Titel geht auf den antiken Philosophen Lukrez zurück und umschreibt das Eintrüben des eben noch klaren Himmels. Hell, leicht und durchhörbar blieben bei Janowski aber beide Aggregatszustände des Klangs; die Schärfe der Linien unterschied sich allenfalls graduell, nicht prinzipiell.
Le Concerto de Michael Jarrell ...un temps de silence... est plus classique dans le sens où il offre un véritable dialogue entre le soliste et l'orchestre. Là aussi, le travail de l'orchestre est remarquable et l'œuvre questionne car elle s'articule autour, et avec, les silences. Entre contemplation sonore et virtuosité instrumentale, Jarrell offre une œuvre vivante qu'Emmanuel Pahud défend avec la verve et la maîtrise qu'il convient. Par ses ruptures, son souffle et ses contrastes de dynamiques ...un temps de silence... séduit.
Sous la direction plus que compétente de Pascal Rophé opère ici une extraordinaire magie sonore. C'est tout un monde de miroitements, de frémissements et de calmes houles, où de soudaines explosions se dissolvent en de multiples éclats. C'est tout un univers d'énigmes et de suspense, mais aussi de certitudes affirmées et de lignes fermement tenues. La lumière violente vient alors éblouir les ombres. Sensuelle, sensorielle, une admirable poésie habite ces paysages auriculaires.
Avec Trois Etudes de Debussy, on mesure la maîtrise de l'orchestrateur. Avec les trois concertos qui font l'essentiel du CD, on salue la continuité du dessin, la subtilité des transitions, le sens parfait des proportions.
La production est très intéressante, réalisée avec intelligence, sinon subtilité. La Vie de Galilei est l'une des moins brechtiennes parmi les pièces de Brecht, et le metteur en scène Nicolas Brieger parvient pourtant à mettre l'intrigue en perspective. Restent alors de nombreux passages poignants, qui reflètent le talent de Jarrell : la dispute du pape progressiste Barberini avec son conseiller (magnifique contre-ténor Peter Kennel) ; la déréliction de Galilée, un homme qui a finalement aimé tout le monde et personne ; et, bien sûr, la scène d'abjuration, dont la partition saisissante, interprétée avec justesse par l'Orchestre de la Suisse romande sous la direction de Pascal Rophé, laisse sans voix.
À 47 ans, le compositeur genevois aligne les œuvres fortes avec une régularité d'horloger. Commande de l'OSR, Sillages a été écrit pour trois solistes, le flûtiste Emmanuel Pahud, le clarinettiste Paul Meyer et le hautboïste François Leleux. Trois souffleurs d'exception qui peuvent laisser libre cours à leur virtuosité et à leur sensibilité dans cette partition aux puissants gestes dramatiques et à la densité poétique impressionnante.
Sommet dramatique et musical aux Amandiers ce week-end : on peut compter sur les doigts d'une main, les récents opéras contemporains à avoir traversé les frontières et fait l'objet de reprises par de nombreux metteurs en scènes. Créé au Châtelet en 1994 avec Marthe Keller, le monodrame Kassandra de Michael Jarrell a définitivement établi l'importance de son compositeur en Europe, avant de revenir dans une nouvelle mise en scène plus dure et plus dépouillée, signée d'Anne Bennent (également interprète du rôle) et de Christoph Martheler, dont on louait l'été dernier le brillant Katia Kabanova à Salzbourg. Adaptation du fameux texte de l'écrivain allemande Christa Wolf (inspiré lui-même de l'épopée d'Homère) emblématique du mouvement pacifiste et antipolicier qui traversa l'Allemagne dans les années 80, Kassandra est donné par l'Ensemble Modern placé sous la baguette de Michael Bartosch.
Le panorama des oeuvres de Michael Jarrell qui nous est proposé ici nous donne une vision globale de la production de ce compositeur entre 1986 et 1990 [...].
Ce qui frappe d'abord dans ces sept courtes pièces, c'est le sens de la couleur dispensée par une orchestration d'une luxuriante richesse [...]. Il émane de ces pièces une force infiniment séduisante. L'auditeur s'y laisse emporter, même s'il en ignore l'impressionnant savoir d'artisan qui l'agit. Les Assonances sont, nous dit-on, comme des cahiers d'esquisses. Nous en avons ici deux visages [...]. Comme dans toutes les œuvres de Jarrell, le sens de la couleur prédomine, mêlant inextricablement douceur et fureur en des teintes contrastées. C'est dans la pièce pour soprano et orchestre ...d'ombres lointaines... que le talent de Jarrell se déploie dans toutes ses facettes. La voix est comme le moteur de l'exubérante floraison orchestrale aux couleurs vives. Le texte qui accompagne le disque permet de trouver les repères d'une meilleure compréhension des œuvres. L'essentiel est tout de même de se plonger sans réfléchir dans cet univers de lumières et d'ombres, séduisant et inquiétant, en tout cas unique, que nous propose un grand artiste en pleine possession de ses moyens.
[...] Die Bühnenaktionen stehen allerdings in großem Kontrast zur Musik, die Philippe Jordan mit großer Suggestionskraft entfaltet. Schön ist diese Musik, in einem ganz altmodischen Sinne, sie bezieht den Zuhörer mit ein, umhüllt ihn geradezu, und am liebsten würde man sie wortlos als Geheimnis für sich stehen lassen.
Jarrell mag sich diesen nicht unbedingt genuinen Opernstoff gewählt haben, weil er ihn in die tiefsten Orchesterlagen transportieren kann. Alle Instrumente mit Kontraoktave sind hier rund um Pauke, Schlagzeug und tiefes Blech gefragt, um elektronisch verstärkte dunkle Klangwogen zu produzieren, die in zeremoniellem Tempo anrollen und im langen Nachhall wieder verklingen. Manchmal ballen sich die Klänge zu Gewittern, dann blitzt es auch in den Orchesterspitzen auf, und die Farbe wird metallischer. Manchmal verstummt die Musik auch oder zieht sich auf einem Ton zurück. Das Höhenregister ist allein der Gesangspartie der Bérénice vorbehalten - die Sphäre für den Ausnahmezustand.
[...] La mobilité quasi mercurielle des figures comme les séries d'énergiques irruptions se retrouvent dans la seule pièce pour un seul instrument, ... mais les images restent..., où l'aspect convulsif du discours est très bien restitue par le pianiste Marino Formenti. L'orchestre de la WDR de Cologne intervient dans l'oeuvre maîtresse du disque sous-titrée Nachlese Ill, qui tisse un dialogue tout en illusions de timbres entre les deux solistes (clarinette et violoncelle) et la formation symphonique. [...]
[...] Ecrites par un musicien qui est tout à la fois orfèvre (détails précieux), peintre (perspectives soignées) et poète (climats prenants), elles ne sont pourtant pas anonymes. Le geste y prime tout simplement sur l'émotion, au contraire de ce qui se produit avec ...Mais les images restent..., magnifique solo de piano, tour à tour fulgurant et extatique.
Cassandra
[...] a Swiss composer of high reputation [...].
This monodrama for actress, electronics and larger ensemble is a major effort.
[...] Le héros central de sa Tétralogie a inspiré l'auteur Olivier Py, le compositeur Michael Jarell et le metteur en scène Hervé Loichemol, entre autres talents réunis pour ce Siegfried, nocturne dont la première mondiale a eu lieu hier dimanche à la Comédie de Genève.
Création exceptionnelle, ce "monodrame pour voix d'homme et ensemble instrumental" s'inscrit dans le Festival Wagner qui se déroule depuis plusieurs semaines dans la Région genevoise, sous la direction de Jean-Marie Blanchard.
[...] This June, the Philharmonic waxed modern all month long: on the 8th and 9th, David Robertson led a pair of concerts in the orchestra's contemporary series, "Contact!" - Michael Jarrell's multilingual song cycle Nachlese Vb Liederzyklus was the standout [...]
This weekend's Utah Symphony concert is called "Beethoven's Fifth." And while Beethoven's symphony is on the program, the real star of the show is Michael Jarrell's commissioned Emergences (Nachlese VI), which received its world premiere Friday. The work is a co-commission with three other orchestras with the Utah Symphony granted first performance honors.
It has been a long time since the orchestra has played a new work of this magnitude. Emergences (Nachlese VI) is intricately constructed from short fragments and motives that are intertwined between the orchestra and the solo cello. This well integrated construction is combined with brilliant orchestration to create a blazingly vibrant color palette. Nothing is superfluous, everything is organic and fabulously cohesive.
Jean-Guihen Queyras is the soloist. He did a spectacular job with his extremely virtuosic part. His playing was vibrant and made the music come alive. Thierry Fischer was on the podium and his perceptive direction allowed the orchestra to shine and bring out the multitude of nuances in this piece.
[...]
« [...] monodrame brûlant [...] œuvre rare, urgente, magnifique. »
Les deux mouvements de La Chambre aux échos, écrits cette année pour un ensemble élargi, allaient enflammer le public par leur incandescence, des applaudissements chaleureux et bruyants saluant un Jarrell au firmament de son art. Compacte, l'oeuvre se resserre autour d'une forme sans fioritures et déploie une virtuosité d'écriture époustouflante.
Strehler La diva in scena nel melologo di Wolf-Jarrell con lo Sharoun Ensemble.
« Fanny Ardant, la Cassandra più fascinosa del mondo. »
In Jarrell's introspective dialogue, wich received its world premiere in a newly expanded form, the three soloists (Emmanuel Pahud, François Leleux and Paul Meyer) float across a wash of delicate, minutely-deployed sonorities, which provides the "trails" of sound described in the piece's title.
Jarrell deploys a trio of wind soloists (here the excellent Emmanuel Pahud, François Leleux and Paul Meyer) whose residual harmonies are picked up by the orchestra.
Dans ce spectacle multimédia, musique de trois compositeurs d'aujourd'hui côtoie composition visuelle du vidéaste Paolo Pachini.
Coproduit par trois laboratoires de musiques d'aujourd'hui (le Grame de Lyon, le Cirm de Nice et la francilienne Muse en Circuit), cet étrange spectacle associe images projetées sur des écrans inhabituellement étirés à la verticale et musiques interprétées par l'ensemble Musikfabrik. Michael Jarrell, qui signe l'une des trois œuvres musicales aux côtés de Martin Matalon et Raphaël Cendo, précise le point de départ du projet : « la chute dans le sens de la déchéance, quelque chose qui tend vers une fin, une musique dont on ôterait, peu à peu, la chair. »
Après sa création à Royaumont, Chute(s) voyagera à travers l'Europe.
Sur le front du disque, le contemporain est présent aussi, avec l'enregistrement de la superbe Cassandre de Michael Jarrell, dirigée par la même Mälkki chez Kairos : comme la musique devient expressive avec un grand texte !
...Le ciel, tout à l'heure encore si limpide, soudain se trouble horriblement...
« Nous sommes au cœur de la masse sonore : ces grands éclats, ces lames de fond émergentes, ces sonneries aux cuivres créent l'effet d'un déferlement. [...] Sa science des timbres - étude sur les flous - nous parle d'un ailleurs intangible. »
Pascal Rophé fait des infidélités à son Orchestre de Liège, mais c'est pour une bonne cause : avec l'Orchestre de la Suisse Romande, il propose ici trois œuvres du compositeur Michael Jarrell, plus - dans un genre plus traditionnel - sa superbe orchestration de trois études de Debussy.
Sans être des concertos au sens traditionnel, ...prismes/incidences..., Abschied et Sillages, en adoptent la forme, avec une brochette de solistes de renom tels que Emmanuel Pahud ou Paul Meyer. Une musique ancrée dans son époque, mais soucieuse d'une clarté que restituent magnifiquement Rophé et ses musiciens.
La saison de l'Opéra du Rhin s'ouvre depuis des années dans le cadre de Musica par un ouvrage contemporain.
La Cassandre, cette année, de Michael Jarrell (...).
La musique de Jarrell n'est pas seulement la ponctuation intelligente du texte, elle est davantage qu'un simple commentaire éclairant : un langage autonome, qui affirme dans sa vivacité et finesse, dans sa splendide orchestration - informatique Ircam de Pierre Charvet à l'appui - toute la sensibilité du compositeur, que Musica a appris à connaître. Et le spectacle a été, ce vendredi, très longuement applaudi.
Michael Jarrell, joué par l'Orchestre de la Suisse romande sous la direction d'un chef de renom, Heinz Holliger [...] ! Jeudi soir au Victoria Hall, les ingrédients étaient donc tous réunis pour créer un événement. [...] Deux ans après Sillages, pour flûte, hautbois et clarinette solo, Jarrell revient au dialogue orchestre soliste. La flûte s'accroche à l'ensemble, flotte puis décroche, croisant cordes et percussions, avant de se confondre avec une longue note presque inaudible des vents.
La réussite de Jarrell tient, entre autres, au fait qu'il réinvestit l'écriture de l'opéra justement sans distanciation en prenant à bras-le-corps ses règles, l'unité et la cohérence dramatique et musicale du sujet. En choisissant les voix habituelles, du baryton à la soprano en passant par le contre-ténor qui donne une couleur hystérique bienvenue au rôle de l'inquisiteur, il entre délibérément dans les contraintes classiques du genre. Une telle option ne signifie pas pour autant simplification abusive de la musique et retour à l'écriture néoclassique mais une profonde réflexion sur l'interaction entre chant, déclamation et un discours harmonique qui s'éloigne de tout dogmatisme. Le résultat est par moment poignant. La beauté des timbres d'un orchestre dirigé avec clarté et transparence par Pascal Rophé fait ressortir le dynamisme et les couleurs d'une musique qui sert l'action. L'ajout homéopathique de l'électronique notamment dans la scène de l'abjuration où la cloche de Saint-Marc vient sonner le triomphe de l'obscurantisme et le glas de l'espérance est de toute beauté [...]. A l'arrivée un opéra dans toute sa majesté, sa profondeur et son émotion.
« Une alchimie obscure entre les possibles », c'est ce que le compositeur suisse Michael Jarrell, né en 1958, a tenté avec les concerts de midi dont le Châtelet lui a confié la programmation. On y retrouvera certaines de ses partitions de chambre, marquées par une écriture sans extravagance, maîtrisée dans les nuances, toujours lisible, d'une virtuosité jamais gratuite. Lors du concert du 13 février, ses pièces voisinent avec Debussy et, le 15, avec Debussy et Bartok. « J'ai composé cette affiche, explique-t-il, avec ce que j'entendais dans leurs œuvres d'échos de mes propres gestes : une ligne mélodique donnant naissance à son halo d'harmonies dans la Rhapsodie de Debussy comme dans Prisme, ma pièce pour violon, le jeu des ruptures de ton et de rythme, dans mon Assonance pour clarinette comme dans Contrastes de Bartok. En cela, composer un concert ressemble à la facture d'une œuvre qui, elle non plus, ne part jamais de rien. » Pour ces deux rendez-vous, Michael Jarrell bénéficie de la collaboration de virtuoses réputés : le flûtiste Philippe Bernold, l'altiste Christophe Desjardins et la harpiste Frédérique Cambreling ainsi que le pianiste Florent Boffard, Hae-Sun Kang au violon et le clarinettiste Paul Mever. Le Châtelet témoigne ainsi d'une certaine fidélité à Michael Jarrell, dont il a assuré la création mondiale de sa Cassandre en 1994.
Die 30. Wittener Tage für Neue Musik wollen Künste und Wahrnehmungen vernetzen.
Daß am Ende doch alles wieder Melodie wird, wie Christian Wolff einmal bemerkte, frustriert auch dessen Kollegen nicht [...] Auch nicht Michael Jarrell, dessen Streichquartett Zeitfragmente (gespielt vom Arditti-Quartett) zwischen Statik und Beschleunigung, zwischen auftrumpfendem Forte und im Nichts versickerndem Piano, zwischen Klangfeldern und - Punkten die unfaßbare Mitte sucht, die wir « Gegenwart » nennen.
[...] S'il choisit le vers de Racine, c'est pour la distance qu'il observe avec le langage quotidien. Son premier travail a été de réduire les cinq actes en quatre « séquences », épurant, coupant parfois l'alexandrin dont il craint la monotonie du rythme. [...]
Les trois interludes orchestraux qui rythment la trajectoire dramatique laissent apprécier la puissance évocatrice qui émane du travail compositionnel de Michael Jarrell. L'Orchestre de l'Opéra de Paris et son chef Philippe Jordan en sculptent le son avec une virtuosité impressionnante, des impacts les plus bruyants à la transparence du tissu sonore, Michael Jarrell signant là l'une de ses partitions les plus ouvragées, d'une profondeur tragique qui porte très haut la passion de l'héroïne.
La soprano et cheffe canadienne Barbara Hannigan sait tout faire : créer des rôles, interpréter le répertoire, jouer la comédie, diriger des orchestres. A l'Opéra de Paris, elle se fera héroïne racinienne pour la création mondiale de Bérénice, de Michael Jarrell, qui lui a écrit une partition "diaboliquement difficile". [...]
[...] Michael Jarrell offre [...] un condensé aussi raffiné qu'explicite de son art.
[...] D'entrée, voilà un épisode fébrile, entièrement irrigué par une cascade de notes courtes et râpeuses, dévalées avec une aisance et une énergie déconcertante. Les harmoniques et les traits appuyés sur les cordes se succèdent alors, dans un vortex qui coupe le souffle. Le paysage sonore qui se dessine, et que l'orchestre accompagne en pointillé, place le public face à ce qui ressemble, mesure après mesure, à une exploration de l'instrument, à une confrontation frontale avec ses limites. Sobre mais conquérante, Tabea Zimmermann en relève tous les défis, en plongeant plus loin dans de nouveaux vortex, telle cette cadence reposant sur un double pizzicato main droite, main gauche. [...]
[...] Jarrell's [...] piece offered up explosive and percussive blasts in the beginning, then settled into a limpid and shimmering reverie made even more sublime by two marimbas and a section where Hodges played only a single note, repeatedly. His language is virtually intra-stellar, and Hodges was an exceptionally devoted interpreter.
Pour son unique édition, le Festival Wagner de Genève se distingue de l'ensemble des festivités du bicentenaire avec la création d'un Siegfried, nocturne de Michael Jarrell et Olivier Py d'une force pénétrante.
[...] The Swiss composer Michael Jarrell has his orchestral sensibilities as delicate and sensitive as his countryman Frank Martin. The subtitle to the tongue-mangling Nachlese Vb Liederzyklus (New York Philharmonic co-commission with Ensemble Contrechamps) is a mind-mangling "A Musical Mediation on the Nature of Linguistic Translation." But the premise was simple. He took a 16th Century poem Spanish poem by Luis de Góngora y Argote and set it to musica long with a French and German translation in music. The catch was that the work, like, say, Finnegans Wake in our own time, is untranslatable, filled with neologisms, puns, surrealistic images etc.
Yet it was indeed translated, and Charlotte Dobb used the lines not for illustration but as background to the delicate orchestration. The original French translation was offered in lines at the extremes of the soprano's considerable range, the German was more dramatic-operatic and the original Spanish was a euphoric reading, with a purely musical maelstrom in between. It was a beguiling work, worthy of a second...or third hearing, if only for Mr. Jarrell's mastery of the orchestra. [...]
Le compositeur Michael Jarrell est l'invité du Festival de Besançon : entre créations et reprises, voilà l'occasion de parcourir sa production caractérisée par une finesse extrême. Maître du halo sonore et des résonances diaphanes, Jarrell distille ruptures et fragilité avec un art du pointilliste qui peut évoquer certaines pages de Ligeti ou Ohana.
L'évènement, c'est Cassandre (1994), monodrame devenu l'une des partitions de référence du théâtre musical contemporain. Portrait d'une femme lucide et rebelle, ce court "opéra parlé" captive grâce à sa force dramaturgique et son verbe intense au gré des souvenirs évoqués par l'héroïne, du bonheur familial jusqu'à la guerre de Troie.
Portée par l'Ensemble Prague Modern et la baguette de Michel Swierczewski, Fanny Ardant retrouve une oeuvre qui lui est familière, dont elle exalte à la perfection le magnétisme introspectif.
Composé de six percussionnistes, c'est l'un des ensembles les plus originaux dans le domaine de la musique contemporaine [...]. Cette saison, ils développent un projet théâtral avec le compositeur suisse Michael Jarrell, à l'esthétique aussi complexe que raffinée. Les mélomanes parisiens les retrouveront au Festival Agora, organisé sous l'égide de l'Ircam.
Cassandre is based on a text by Christa Wolf that actress Astrid Bas delivers with urgency and poignant dramatic restraint. Jarrell's score for chamber ensemble is notable for the evocative subtlety of its depiction of the Trojan prophet's state of mind as she recounts the horrors of the war. Jarrell avoids the obvious - the big rhetorical gestures - that would seem to be appropriate for such a dramatic and grim story, and instead creates a soundworld of gossamer, dream-like ethereality to underscore Cassandre's intimate musings. His orchestration is incandescent, and the music is simply beautiful in its prismatically evolving textures. For a piece that rarely rises above a whisper, it makes a surprisingly visceral impact. Ircam's Ensemble InterContemporain, led by Susanna Mälkki, plays the challenging score with exceptional grace and delicacy. Kairos' sound is immaculate, as is typical for its releases.
Les commandes données en création mondiale ne sont pas légion. Et un ouvrage contemporain pour grand effectif orchestral non plus. En écrivant pour l'OSR ...Le ciel, tout à l'heure encore si limpide, soudain se trouble horriblement... le Genevois Michael Jarrell renoue avec la tradition symphonique héritée des classiques. La longueur de la composition (dix-sept minutes environ) ainsi qu'un refus obstiné de la mélodie et un constant sens du tragique inscrivent pourtant solidement la partition dans le langage actuel. L'écriture est souple, puissante et subtile, et compose une sorte d'exploration immobile de la trame sonore. Travail dans la masse avec éclats, échos, ambiances spatiales, stridences ou déferlantes océanes : le désordre organisé et les catastrophes contrôlées jouent à plein leur rôle dramatique. Un ouvrage fin, judicieusement suivi par le Concerto pour la main gauche de Ravel.
...Le ciel, tout à l'heure encore si limpide, soudain se trouble horriblement...
Ein noch fast tintenfrisches Werk des Schweizer Komponisten Michael Jarrell eröffnete das "Meisterkonzert". Die ersten Takte bewiesen gleich, dass dieses Etikett hier absolut berechtig war.
Für Marek Janowski ist es ein Heimspiel mit Auswärtsmannschaft. Auf Tournee mit dem Orchestre de la Suisse Romande, hat der Maestro in der Philharmonie französische Kost im Gepäck - entriert von einem Schweizer Appetitanreger. Michael Jarrells Orchesterwerk ...Le ciel, tout à l'heure encore si limpide, soudain se trouble horriblement..., erst vor einer Woche in Genf uraufgeführt, ist ein amotivisches Spiel mit Klangfarben und Farbklängen. Enorm basslastig instrumentiert, formen sich nervös flirrende Dialoge zu ruhenden Flächen, die bisweilen gar Grundtongefühle vorgaukeln. Viel Organik, wenig Konstruktivismus.
Michael Jarrell fait partie de ces créateurs qui suggèrent plus qu'ils n'imposent. [...] Partition diaboliquement difficile sur le plan technique, ...un temps de silence... a en outre été composée sur mesure pour Emmanuel Pahud [...]. Jusqu'au bord du possible, la flûte dépassera ainsi ses limites expressives tout en naviguant aux frontières du vide.
D'un accès immédiat, bâti sur un « accord » qui donne sa couleur à l'édifice entier, l'œuvre frappe de prime abord par la virtuosité confiée à la flûte. [...] Certaines combinaisons de timbres, irisées, la qualité évocatrice de cette musique, entre drame et méditation zen, lui confèrent une beauté insaisissable.
Dès le premier coup de gong installant une pédale tissée de gestes fugaces, alliages de timbres scintillants, déflagrations de vents et percussions, l'Ensemble intercontemporain confirme son statut de formation d'élite. Sa nouvelle directrice musicale, Susanna Mälkki, cisèle rythmes post-stravinskiens ou éclats weberniens, marqués par une recherche des modes d'attaque ou d'émission (col legno, trémolo, glissando, extrême du registre). De même, elle dessine les sensuels élans mélodiques (violon solo repris par les vents) et déploie avec un sens plastique inouï les plages de suspension marquées par l'écriture spectrale et l'utilisation d'échantillons électroniques élaborés à l'Ircam. [...] Cette Cassandre de chair et de sons pénètre l'esprit, les sens, et laisse une brûlure dévorante.
Michael Jarrell, Meister der schwebenden Klänge, hat ein ganz und gar nicht ätherisches Sujet für seine erste abendfüllende Oper gewählt: Bertolt Brechts Leben des Galilei. [...] In den oft atemberaubend dicht geschichteten Ensembles behält jeder seinen Charakter, seinen Rhythmus, seine Farbe bei. Hier hat das Stück seine erregendsten Momente. Das Publikum der Genfer Oper nahm die zwei Stunden pausenlos ablaufende Novität konzentriert und zuletzt mit viel Applaus zur Kenntnis.
Dès ses premières minutes, l'opéra Galilée de Michael Jarrell, commande du Grand Théâtre où il a triomphé mercredi soir, installe une tension entre art et démonstration, illusion et illustration. Un numéro d'équilibriste qui lui réussit plutôt bien [...]. Il n'en fallait pas plus pour provoquer de longues salves d'applaudissements à la première de Galilée, nouvelle étoile au firmament des opéras métaphysiques de notre temps.
Entre musique de chambre et pages vocales, l'album donne la part belle à la voix soliste de Françoise Kubler. [...] Alternant statisme furieux et hystérie contaminante, la musique pointilliste de Jarrell est superbement investie par l'Ensemble Accroche Note.
L'idée particulière du monodrame a connu peu de postérité depuis Erwartung de Schönberg. Kassandra, de Michael Jarrell reprend cette tradition. Comme dans Erwartung, l'héroïne du compositeur suisse est une femme seule sur scène, en proie à ses pressentiments. Mais si « l'intrigue » du monodrame de Schönberg concernait finalement une affaire d'ordre privé - une femme qui attend son amant dans la nuit - celle de Kassandra est politique, au-delà du mythe évoqué dès Homère. Michael Jarrell a adapté le texte de Christa Wolf qui, paru en 1983, ne fut pas sans retentissement sur le mouvement pacifiste allemand. De plus, il a choisi une comédienne pour interpréter le rôle-titre. Après Marthe Keller qui avait incarné le personnage en 1994 au Châtelet (en version française), c'est Anne Bennent qui sera cette « prophétesse » dans la version allemande donnée ce mois-ci aux Amandiers de Nanterre. Sous la direction de Michael Bartosch l'Ensemble Modern de Francfort accompagnera le dernier monologue de l'héroine mis en scène par la comédienne et Christoph Marthaler. Il servira une partition (légèrement modifiée depuis le Châtelet) à l'orchestration somptueuse mais intensément discrète où dominent les couleurs sombres et obsédantes de l'interrogation.